mercredi 5 août 2015

Composer avec les enfants de l’autre

Un nouveau partenaire s’accompagne souvent de l’obligation de vivre avec une tribu que l’on n’a pas forcément désirée. Le psychiatre Robert Neuburger indique trois écueils à éviter.

 Psychiatre et thérapeute de couple, Robert Neuburger a notamment publié Les Territoires de l’intime (Odile Jacob) et sort, en septembre, Faire son bilan de couple : on arrête ou on continue (Payot).

Proscrire l’arche de Noé

« Le risque pour le couple est de tomber dans le “fantasme de l’arche de Noé”. Celui-ci consiste à vouloir réunir les membres des familles précédentes pour constituer une famille idéale. Or, il est paradoxal de chercher à s’appuyer sur ses anciens ancrages, qui ont échoué dans la durée, pour créer du nouveau ! Cette situation ne peut qu’aboutir à un cauchemar.

Ainsi, le cas de ce couple. Elle avait deux enfants, lui trois. Peu de temps après s’être rencontrés, ils décident, pour les vacances, de louer un minivan et d’embarquer, dans un élan euphorique, toute leur progéniture. Ce furent des disputes continuelles. Les enfants n’éprouvèrent aucune sympathie les uns pour les autres. Il n’y avait d’ailleurs aucune raison pour qu’ils en aient.

 


Au retour, elle et lui envisagèrent la séparation, pensant avoir un problème de couple. Mais non, c’était un problème de parents : aucun des deux n’avait réussi à se positionner par rapport aux enfants du conjoint, et leurs propres enfants ne leur avaient pas fait de cadeau par loyauté envers leur passé. »

Distinguer couple et famille

« C’est la base pour survivre. On peut envisager l’alternance entre vie de couple avec le nouveau partenaire et vie de famille tous ensemble lorsque les enfants sont là. Sinon, quand tout le monde vit sous le même toit, chacun des parents devra assurer pleinement l’autorité sur ses propres enfants. Et ne réclamer à ceux du conjoint que le respect dû à tout adulte. »

Préserver du temps avec ses enfants

« Le mélange constant entre les enfants de l’un et de l’autre est dangereux. Les enfants ont besoin de partager, en dehors du nouveau conjoint et de sa progéniture, des moments avec leur père ou mère, et pourquoi pas de les voir réunis, le temps d’une promenade. Les nouveaux partenaires doivent donc accepter de se séparer régulièrement pour donner cette priorité à leurs enfants. A l’inverse, il leur faut privilégier des tête-à-tête pour inventer la complicité amoureuse nécessaire à tout couple. »

Source : Isabelle Yuhel